Chrétiens, ne soyons pas des éteignoirs

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Ah… l’Évangile des dix vierges ! Voilà un Évangile que nos anciens entendaient à longueur d’années, dans ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui la forme extraordinaire du rite romain. On s’est beaucoup moqué de l’ancien lectionnaire, qui certes méritait une profonde réforme, en prenant appui sur cette répétition insistante de cette péricope. Au-delà du débat liturgique, c’est que sans doute, dans sa sagesse, l’Église entendait adresser à ses fidèles un message essentiel et martelé ! Pourtant, à bien des aspects il peut nous sembler dur. Finalement, les vierges dites folles, sont restées vierges, elles sont venues de nuit, elles aussi, attendre un époux qui, de son côté, semble bien peu pressé de rejoindre son épouse. Et puis, les vierges dites sages font quand même preuve de bien peu de solidarité  – dirait-on aujourd’hui – avec leurs homologues un peu distraites !

À l’époque de Jésus, la coutume voulait que la future épouse attende son fiancé, chez ses parents. Celui-ci, vers dix heures le soir, retrouvait les « demoiselles d’honneur », ces fameuses vierges, et partait en cortège vers le domicile de sa promise, afin de prendre désormais cette dernière sous son toit. Tous les commentaires classiques nous montrent qu’il s’agit pour Jésus de nous placer au moment eschatologique, où Lui, l’époux, viendra s’unir à sa promise, c’est-à-dire l’Église. « C’est vraiment l’époux qui vient au dernier jour et il vient pour célébrer des noces, pour revêtir de gloire l’humilité de notre chair », écrit ainsi saint Hilaire de Poitiers dans son Commentaire de l’évangile selon saint Matthieu. Cet époux-là sort de l’ordinaire. Il n’est pas soumis aux règles communes. Et d’abord, c’est lui qui choisit son heure – Il viendra quand nul ne l’attendra plus… Il n’est pas grossier, car c’est l’Époux royal, c’est l’Époux qui s’est acquis sa fiancée au prix de son Sang versé pour elle sur la Croix. Il a donc tous les droits sur elle ; et elle, l’attend toute parée, car il est son maître adoré (cf. Cantique des Cantiques).

Ces vierges, sont, dans une vision très classique, chacun d’entre nous. Nous trouvons que l’époux met bien du temps à venir…  Nous estimons que si Dieu était vraiment Dieu, pour parler comme l’homme de la rue – quand il croit encore en Dieu -, il agirait plus visiblement. Et alors, tels ces vierges, nous nous assoupissons dans la nuit qui nous entoure, c’est-à-dire, nous perdons patience, courage, persévérance. Nous pensons immédiatement aussi aux quelques apôtres choisit par Jésus pour l’accompagner dans son Agonie, et qui ne tiennent pas le coup.

Quand l’époux paraît, alors toutes les vierges se réveillent. Mais les unes ont gardé suffisamment d’huile, tandis que les autres sont à sec ! Là aussi, nous pouvons comprendre de plusieurs manières cette allégorie. «Les vierges avaient de l’huile, mais pas assez ; c’est pour cela qu’elles sont punies», écrit saint Jean Chrysostome (Commentaire de l’évangile selon saint Matthieu). Comprenons : l’huile peut être notre foi, nos actes de charité, nos œuvres, l’amour dont nous auront rempli nos vies, toute autre sorte de bonne chose spirituelle ; ce qui est sûr, c’est que nous devons remplir nos lampes à ras bord, pour attendre l’époux. Pas de mesquinerie, pas de faux petits calculs bourgeois. Jésus arrivera quand il voudra et il entend nous trouver avec des lampes pleines et allumées, de ces lampes que, précisément, on ne doit pas mettre sous le boisseau !

Il est temps sans doute que beaucoup de chrétiens cessent de ressembler à des éteignoirs !

 

Homélie donnée le 6 novembre 2008

en la paroisse militaire Bx Charles-de-Foucauld des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan